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Le Jeudi 17 Avril 2014, dans le cadre du projet associatif, mené par Léa Nanni, Théophile Dupé et moi même (Leon Coucke), nous avons rassemblé 11 personnes intéressées par le patrimoine urbain du Vieux Lille. Nous avons cheminé ainsi pendant plus de deux heures dans les rues de la ville. (cf : plan de la visite). Notre  guide,  Mr  Jean­Yves  Mereau,  président  de  l'association Renaissance  du Lille Ancien, procède tout d'abord à un bref historique :

Durant l'époque médiévale, la ville  était  ciselée par de nombreux  cours d'eau canalisés. A Lille, tout est lié à l'eau et cela est visible notamment dans la toponymie/les nom des rues. L’Histoire de Lille  est celle  de  la  domestication  et  de l'élimination  des  rivières.  La  ville  fut annexée  par  le Royaume de  France,  sous le  règne  de  Louis  XIV.  C'est  à  cette  époque  que fut  construite  la Citadelle par Vauban. La  navigation  était  l'un  des  rares  moyens  de locomotion.  La  ville  de Lille  était comparable  à Bruges, dite la « la Venise du Nord ». Quelques problèmes apparaissaient clairement : Le fait que les  cours  d'eaux  soient  méandrés  rendait par endroits  impraticable l'approvisionnement  des marchandises.  Par  ailleurs infectés  et insalubres, propices  au développement  de  maladies,  ces canaux furent  comblés  de  1913  à 1930  pour  des raisons hygiéniques. Certains furent conservés dans  les souterrains.  Le  Quai  du Wault,  ancien port, représente  l'un des  derniers  vestiges.  La fameuse Braderie de Lille se tient d'ailleurs le premier week­end de Septembre car cela correspond à la période d'étiage (période de basses eaux). Deux ports existaient alors (Haut/Bas). Comme dans beaucoup de villes, les deux rives furent rivales et de nombreuses luttes de pouvoir eurent lieu. Il existait encore de l'eau dans les années 50 dans certaines parties de la ville. L’association présidée par monsieur Mereau milite pour la renaissance de ce Lille Ancien, plus particulièrement la remise en eau de certaines portions de la ville. 

Au cours de cette sortie, nous sommes partis sur les traces des anciens canaux Lillois visibles à qui sait  les  voir.  Le  guide  nous  explique  qu'un  ancien  pont  reliait  le parvis  de  la Treille  à la rue Esquermoise : le Pont de Weppes. Un parallèle peut être fait  avec la ville de Florence. Ce pont n'est plus visible de nos jours. Les habitants empiétaient sur le canal pour agrandir leur domaine. La rivière passait et se perdait parfois sous les maisons. Cela est encore visible si l'on fait attention, dans quelques jardins bordant la rue Weppes. La rue de Paris et la rue des molettes constitue un des  plus anciens  cheminements.  Il  daterait  de  l'époque  gallo­romaine. A l'emplacement de l'actuelle cathédrale se tenait autrefois une motte féodale, les premières fortifications de la ville y trouvent  racine.  Elle  a  plus  ou  moins survécu à  l'urbanisation  jusqu'à  la  construction  de Notre Dame de la Treille. Ce site est l'un des points les plus élevés de la ville, en cul de sac. Les eaux s'écoulaient  depuis ce lieu. La topographie façonnait  et façonne toujours l'écoulement  des eaux, avec des nivelés assez importants, visibles si l'on y prend garde. C'est la raison pour laquelle des moulins se sont  développés  à  proximité  des  canaux,  permettant de produire  de  la  farine  et de pomper les eaux. Cela constituait aussi un moyen économique de perception d'impôt (taxe sur la farine notamment).
Le  niveau  de  l'eau  fut  perturbé  durant  toute  l'histoire  de  la  ville  de  Lille  et de nombreux remblaiements  furent  effectués.  Mr  Mereau  nous  présente  ensuite différents bâtiments caractéristiques du Vieux Lille :

–        L'Hôtel des monnaies, sauvé dans les années 90. On y frappait autrefois la monnaie.

–        La dernière maison en bois, une des dernières encore subsistante. La plupart des maisons étaient          ainsi avant la rénovation et la réhabilitation du Vieux de Lille. 

–    D'autres bâtisses en briques, comportant la fameuse pointe de diamant incrustée dans                          des claveaux (pierres taillées en biseau constituant un élément de  couvrement d'un  arc,                      d'une plate­bande ou d'une voûte).

Nous passons par la rue de la monnaie, qui n'est plus réellement résidentielle comme le souligne Mr Mereau.  En  effet,  il  ne  reste  que  trois  familles  résidentes.  Nous arrivons  ensuite  à l’Îlot Comtesse,  dans lequel  on  aperçoit les  vestiges  de l'ancien moulin St Pierre, rue  de la monnaie. L'îlot  comtesse  possède  de nombreuses  maisons  à  architecture  allemande.  L'idéal serait de reformer/clore cet îlot si l'on souhaite restaurer son  état  ancien  et le redynamiser. Le but  est de procéder à des opérations d'urbanismes et non pas de faire du passéisme.
À  proximité se  trouve  l'Hospice  Comtesse  construit  par  Jeanne  de  Flandres  et financé  par le Comte  Baudoin  de  Flandres.  En  1066,  une  collégiale s'implante  à Lille.  Une  crypte  existe  en dessous. 

Nous rejoignons ensuite la responsable du patrimoine de la ville de Lille, qui nous fait visiter le Canal St­Pierre, situé sous l'Hospice Comtesse. Après quelques soucis d'éclairage, la lumière fut. Le canal s'offre alors à nous et nous contemplons, ébahis, la splendeur des sous sols lillois.

La ville a  pour  volonté  de  développer  les  visites  et  nous  ouvrons  la  voie  pour une réappropriation  du patrimoine urbain. Ces canaux souterrains sont primordiaux pour la stabilité des maisons du Vieux Lille, parfois penchées comme cela est visible dans certaines rues de la ville.
 

Après cette visite notre guide initial nous décrit l'état ancien de l'avenue du Peuple Belge. Une grande activité se développait d'ici au Quai du Wault. En témoigne de nombreuses maisons au caractère ostentatoire. Un Port médiéval fut même mis en place en 1640 et par où transitait épices, drogues, et autres marchandises.

A  l'époque  industrielle,  le  lavage  de  la  laine  et  autres  exploitations provoquèrent  une pollution endémique, ce qui aboutit au comblement du canal devant le palais de Justice dans les années 30. Nous  nous  dirigeons  ensuite  vers  le  Pont  Neuf,  en  face  du  conservatoire.  C'est  une pénétrante automobile. Quelle ineptie quand on sait que la plupart des centre­villes européens sont quasiment tous 100 % piétonisés...
Une reconquête urbaine et paysagère est envisagée, notamment via le Plan Bleu abandonné depuis au profit de travaux plus réalisables.

Nous sortons ensuite de la ville médiévale, où nous devinons la présence d'anciens remparts. Arrivés à la Halle au sucre, qui a remplacé les abreuvoirs et un ensemble d'industries lilloises ayant vu le jour dans les années 1830, notre guide évoque alors Philibert Vrau, l'emblématique industriel lillois.

Il nous indique ensuite quelques canaux importants :

–        Un canal souterrain venant de Lambersart en passant sous la citadelle.

–        Des canaux existants encore sous Vauban : La Tarture, Le Buquet.

Nous arrivons en Basse Deule où se trouvait l’Hôpital Général, à l'extrême Nord de Lille. Nous passons à  l'emplacement  de  l'ancien  Pont­Maudit  pour  se  diriger  vers l'Hospice,  lieu  où les malades  et vieillards  finissaient  leur vie. Ceci explique son emplacement  éloigné,  afin d'éviter toute épidémie. C'est aujourd'hui le lieu d’hébergement de l'IAE. Cet édifice de plus de 200m de long  fut  érigé  par le  Roi Soleil  (soleil  apposé  sur  le  dessus  de  la  porte).  Il  est actuellement partiellement à l'abandon.  Nous  finissons  la  visite  par  le  quartier  des  abattoirs, remplacé par de nombreux logements  neufs  dans  les  années  80.  L'architecture  utilisée  fut décriée  (urbanisme orignal dont la forme rappelle selon ses détracteurs « eurodisney »).
Des eaux polluées stagnent autour de ce quartier, dans ce qui était autrefois le canal des célestins, détruit  dans  les  années  70.  Des  travaux seront  vraisemblablement effectués  dans la logique  de remise  en  eau  du  Vieux Lille.  Alors  plus  aucune  eau stagnante  ne subsistera  et cette opération semble moins coûteuse que le Plan Bleu initial.


(Halle au Sucre, actuel commissariat)


(Pont Neuf, avenue automobile, détruit de nos jours)


(Palais de Justice)


(Hôpital général)


(Arche sous les bâtiments, aubout de la rue de Weppes).

Réalisé par Leon Coucke, Léa Nanni et Théophile Dupé.